FRANZ SPATH

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A la rencontre du rouge et du bleu, terre et ciel, féminin et masculin, dans des sculptures épurées à la géométrie rigoureuse.

Il tombait quelques flocons de neige ce jour-là sur le lac de Créteil qui se noyait dans la brume ouatée, comme dans un tableau romantique de Caspar David Friedrich. Mais à l'intérieur de l'atelier de Franz Spath, c'est un bric à brac aux couleurs vives qui occupait l'espace encombré, ouvrant de plain pied sur l'agora venteuse et déserte de la ville nouvelle, la place des Abymes. Isolement propice à la réflexion, à l'exploration et à l'invention, qualités dont Franz Spath n'est pas dépourvu: il se montre autant archéologue - fouillant les strates de la peinture - qu'architecte, assemblant des formes minutieusement dessinées.

C'est un plaisir rare, lors de la rencontre d'un artiste, de percevoir que sa 'recherche et son œuvre s'imposent (par une authenticité excluant tout narcissisme) et promettent de compter dans le mouvement artistique contemporain. C'est un heureux présage qu'on lui souhaite voir se confirmer rapidement. En effet, la recherche de Franz Spath exprime une préoccupation existentielle profonde : les dualités de l'être humain, avec leurs composantes masculin-féminin. Cette problématique intemporelle mais plus que jamais actuelle par son ampleur sociale, l'artiste parvient à la représenter sur un mode esthétique exploré sur le mode du Ying et du Yang (oppositions horizontal-vertical, intérieur-extérieur, cercle-angle) avec la rigueur d'un savoir-faire technique qui n'exclut pas l'émotion.

Un Allemand très latin

Drôle de parcours que celui de cet homme longtemps partagé entre la science et l'art, attiré par la biologie autant que par le dessin! C'est après la trentaine, en 1984, qu'il s'oriente vers les arts graphiques, devenant peu à peu ce peintre, explorateur du gris (pour dévoiler le rouge ou le bleu), et ce sculpteur de formes angulaires, élevées à l'assaut du ciel comme les branches d'un grand arbre.

Franz Spath, né dans un village de la Forêt-Noire près de la source du Danube, est un Allemand qui se sent très latin: le Mexique est devenu son pays "de l'âme". Lorsqu'il a découvert l'Amérique latine, en 1985, ce fut une 'révélation, une illumination: "j'ai compris que je venais de rencontrer mon pays". De fait. s'il aime toujours les hauteurs vallonnées de la région de Fribourg,il ne se sent pas chez lui en Allemagne, Il se souvient avoir souffert, enfant, des mentalités rustaudes et très prudes des autochtones, de la frustration de ses parents dans leur milieu modeste - sa mère aurait bien aimé exercer une profession,avoir une petite boutique; son père, "très cultivé" et dont il admirait la jolie écriture, était forgeron-mécanicien et aurait aimer avoir son atelier indépendant.

Aujourd'hui, l'atelier, c'est le fils qui en a trouvé le chemin, en artiste, piochant dans la peinture et forgeant des sculptures comme des pièces d'ébénisterie. Car la menuiserie n'a pas de secret pour lui, il a eu le temps de l'apprendre avant de satisfaire son attrait pour les sciences biologiques qui l'ont conduit à devenir... médecin! Mais oui! Sa vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Le charpentier et le clinicien

Il se souvient que, lorsqu'il était élève à l'internat religieux, il était responsable des décorations pour les fêtes et bénéficiait déjà d'une sorte d'atelier pour fabriquer les décors des petits spectacles présentés. Par ailleurs, il était également responsable de l'aquarium! Amusée, je lui demande: "Les poissons rouges dans le bleu aquatique?", il rit: "Oui, comme Matisse". A cette époque, il hésitait entre apprendre la menuiserie (pour se préparer à être décorateur de théâtre) ou devenir assistant médical en biologie... Ce désir, il le rattache à un souvenir pénible, relatif à l'aquarium: un jour, il avait retrouvé un petit amphibien mort desséché dans un placard, alors, attristé de n'avoir pu "le revitaliser", il s'était renseigné auprès des professeurs de biologie, lesquels lui avaient fait découvrir la dissection -leur façon d'aborder les mystères du vivant, un univers qui le fascine. Si bien qu'après le bac, voici l'ami Frantz qui hésite entre la biologie et... la bijouterie - l'artisanat en joaillerie -, allez-savoir pourquoi!

Toujours est-il qu'il n'est jamais facile d'entrer en faculté de médecine,si bien qu'en attendant, il a pu apprendre l'ébénisterie et même obtenir un diplôme supérieur faisant de lui l'équivalent d'un compagnon artisan. "J'ai appris beaucoup de choses: la qualité du travail bien fait et le dessin technique que je fais comme des plans d'architecte, au millimètre près. Aujourd'hui, quand je pense à une sculpture architecturale, je sais tout de suite comment la réaliser". Il pratique aussi le travail des chantiers, le carrelage, etc. Et puis le voilà enfin accepté à l'université de médecine, réalisant ainsi un vieux rêve, dont il est revenu depuis, regrettant que le médecin soit de nos jours un technicien, prescripteur de médicaments. En tant que généraliste, il n'a pas exercé longtemps. De cette expérience, il a aimé le contact avec les patients et le sens des responsabilités, un savoir-faire qu'il a utilisé par la suite dans le domaine artistique, en devenant président des artistes à Créteil et en organisant de grands événements culturels. Mais curieusement, lui qui avait approché la médecine pour maintenir la vie, s'est découvert une préférence pour la médecine légiste et s'est passionné pour les dessins anatomiques (se plaçant toujours au premier rang avec son carnet de croquis). C'est à cette époque-là qu'il entre dans une période de troubles relationnels et qu'il décide d'aller rejoindre à Paris un groupe d'amis artistes sud-américains.

Durant onze ans, il sera l'assistant du Vénézuelien Carlos Cruz Diez et rencontrera les grands artistes participant au courant cinétique. Franz Spath est fasciné par la rigueur de Cruz Diez, qui n'a rien d'un artiste romantique, et commence dans son coin à réaliser ses propres créations et interventions dans la foulée de Beuys, son maître à penser.

Retrouver les racines, recoller les morceaux d'histoire...opposition rouge et bleu!

Losange et triangle, ouvert et fermé, horizontal et vertical, rouge et bleu sont des formes et des couleurs que l'on retrouve dans toutes les sculptures de l'artiste. Dans sa peinture, une couche va toujours en cacher une autre, superposition à base de couleur rouge ou bleue, épaisseur de la matière pour pouvoir ensuite gratter jusqu'à faire réapparaître ce qui est enfoui: fouiller par dessous le visible pour révéler les différentes strates, comme pour faire tomber les masques. Le papier de verre est utilisé en tant qu'instrument abrasif et devient ensuite support exposé, comme le linceul des écorchures graphiques et colorées. Si la technique du grattage est assez en vogue de nos jours, lui la pratique avec la conviction

d'une nécessité profonde, à la recherche de racines, peut-être de ces racines nécessaires aux fondements du prochain millénaire. Introspection individuelle ou collective? En clinicien ou en historien, autopsie ou archéologie? Sans doute l'histoire de l'Allemagne avait besoin de réunification et Franz Spath de complétude, d'où ses créations qui joignent l'endroit et l'envers, le volume et le creux: "Notre histoire est cassée, un morceau s'arrête en 1932 et l'autre recommence en 1946". A Paris en 1987, à la chapelle de la Salpêtrière, il avait exposé "Nationalité", trois tableaux aux couleurs épaisses, bleu-blanc-rouge. Or qu'y avait-il dessous, lorsqu'on grattait avec du papier de verre? Du gris... La nuit tous les chats sont gris et, dans l'ombre, tous les humains ont la même couleur de peau... Toujours cette interrogation sur l'identité humaine, presque un travail analytique. Le motif est profond et la forme est belle: tout l'œuvre de Franz Spath est esthétique sans être esthétisant, mais peut-être encore trop mesuré, on attend la démesure... à moins qu'il ne préfère l'équilibre des formes pures et géométriquement parfaites.

Ascension céleste

Entre Paris, l'Allemagne et l'Amérique latine, Franz Spath expose ici et là. Actuellement, une sculpture éolienne (rouge sur des pylônes bleus), en hommage au dieu du vent Ehécatl, se trouve dans une avenue d'Ecatepec, près de Mexico. Cette année il a compris pourquoi il aimait le Mexique et son art baroque du syncrétisme, "C'est un pays où les contradictions sont vécues et non pas exclues". Homme de contradictions, lui?

Non, homme de conciliation comme en témoigne l'une de ses dernières œuvres, "Santuário" (sanctuaire), par laquelle les deux couleurs, rouge et bleu, se sont ouvertes pour fusionner en violet - une couleur qu'il n'utilise jamais -, il rêve de créer une chapelle, une tour en béton dont l'éclairage violet - couleur sacrée, lumière mystique (comme les cérémonies de Pâques)- serait diffusé par des vitraux rouges et bleus: réconciliation, Santuário...

Odile Berthemy in Angeline's, Paris, Printemps 1999

 

FRANZ SPÄTH BILDHAUER UNDMALER AUS BRÄUNLINGEN

Die Kunst ist so vielfâltig wie das Leben selbst: Trotz aller vermeintlichen Gesetzmäßigkeiten und Abwägbarkeiten unberechenbar und immer für eine Überraschung gut.

Rückblick: 1986 formierte sich in Bräunlingen eine Aktion gegen eine Umgehungsstraße. Organisator der Aktion "Künstler fùr die Umwelt" war der in Bräunlingen geborene und nun in Paris lebende Künstler Franz Späth. 15 Jahre später, die Umgehungsstrage ist mittlerweile realisiert, wird an der Ortseinfahrt aus Richtung Hüfingen eine sechs Meter hohe Skulptur enthüllt. Die Arbeit mit dem Titel "Dionysos" ist modern, abstrakt, groß, mit Fernwirkung, zumindest fùr Bräunlinger Verhältnisse..      

Aber das wirklich Überraschende an dem neuesten Dokument von Kunst im öffentlichen Raum im Landkreis ist die Tatsache, dass die gelungene Großskulptur aus Stahl ein Projekt des Künstlers Franz Späth ist. Das mutet vorerst konträr an, aber ist zugleich Sinnbild fur die Entwicklung und das Kunstschaffen von Franz Spath.

Wahrlich: das Leben ist bei Späth kein ruhiger langer Fluss, es ist ein unbändiges Wildwasser, das sich immer wieder neue Wege sucht, wieder zusammenfließt, neueUfer erreicht, eine Pause einlegt, um vielleicht doch einmal das große Meer zu erreichen. Aber bis dahin ist noch viel Zeit. Zeit, die der Aktionist Spath unermüdlich mit neuen Projekten ausfüllt. Dabei liest sich der erste Teil der Biografie des 1951 geborenen Künstlers recht geradlinig und gewöhnlich. Nach dem Abitur am Donaueschinger Fürstenberggymnasium folgt die Bundeswehrausbildung in München. Eine nützliche Schreinerlehre überbrückt die Zeit bis zum Beginn des Medizinstudiums. Nach dem Studium ist Späth ais Assistenzarzt in seiner Heimatstadt tätig. 1984 kommt die Zäsur, der Arzt bricht mit den bürgerlichen Konventionen und wendet sich als "Spätberufener" den Schönen Künsten zu. Wenn schon Ausstieg, dann gleich im passenden Umfeld: Seit 1984 nun lebt Franz Späth in der Kunstmetropole Paris, sein Atelier befindet sich im Vorort Creteil.

Über einen Zeitraum von elf Jahren war er Assistent bei dem venezuelanischen Künstler Carlos Cruz-Diez, einem bedeutenden Vertreter der farbkinetischen Kunst. Parallel dazu widmet sich Spath seinen eigenen Arbeiten. Die Schreinerausbildung, die Kurse in den verschiedensten künstlerischen Techniken, die Späth schon während seines Medizinstudiums belegte und in seiner Wahlheimat perfektionierte, die wichtigen Impulse bei Cruz Diez, bilden das praktische Fundament. Die Formensprache, die Farbgebung seiner Arbeiten jedoch sind an keiner Akademie, in keinem anderen Atelier, so gut das Lehrer-Schüler-Verhältnis bei Cruz Diez auch war, lernbar. Sie sind vielmehr Ausdruck einer tief verinnerlichten Lebenserfahrung, die, wie könnte es anders sein, von Gegensätzlichkeiten geprägt ist. Dualismen bestimmen von Beginn an das Werk des Künstlers, sie bringen somit eine feste, berechenbare Konstante in die wechselvolle Biografie.

Die Farbpalette ist äußerst reduziert aufBlau und Rot: Kalt und warm, weiblich und männlich, emotional und rational werden beispielsweise mit diesem Gegensatzpaar symbolisiert. ln seiner Malerei muss Franz Spath anders aIs bei seinen weltweit realisierten Skulpturen voll und ganz auf die subtile Wirkung der gegensätzlichen Farben vertrauen. Trotz der Einschränkung, die zweidimensionalen Arbeiten besitzen eine überaus starke Ausstrahlung.

Dabei geht der "Maler" recht unorthodox ans Werk. Schicht fur Schicht wird mit dem Schleifpapier zuvor aufgebrachte Farbe von den Holztafeln abgetragen bis sich das gewünschte Resultat einstellt. Der Künstler betätigt sich in seinen Schleifbildern als Spurensucher auf unbekanntem Terrain. Er legt frei, um im Verborgenen Neues zu entdecken oder alte Wurzeln wieder zu finden. Es stellen sich schmerzliche wie erfreuliche Assoziationen ein, das liegt in der Natur der Sache.

Die so angewandte Malerei liefert quasi als Nebenprodukt ein weiteres Gegensatzpaar : Die Schleifpapiere werden gleichsam als Negativformen zu amorphen vielseitig deutbaren Bildern. Bei den Skulpturen jedoch wird der Zufälligkeit keine Chance eingeräumt. Perfekt geplant werden die Stahlelemente in wochenlanger Arbeit geformt, zusammengeschweißt und anschließend im bekannten Kolorit lackiert.

ln Costa Rica, in Mexiko, in Kanada, in Luxemburg, in Frankreich und in Portugal stehen die blauroten Gebilde. Bräunlingen ist der Premieren-Standort auf deutschem Boden. Die Großskulptur an der Umgehungsstraße ist mit ihren stattlichen sechs Metern Höhe zudem eine der größten Skulpturen, die Späth verwirklicht hat. Wie alle Arbeiten von Franz Spath will auch diese Skulptur sinnlich aufzeigen, wie Gegensätze sich harmonisch miteinander verbinden können: Nicht in gegenseitiger Auflösung oder Vermischung sondern in friedlicher Symbiose. Kontraste wie eckig und rund, außen und innen wachsen so zu einem kreativen Miteinander. Die Skulptur ist statisch stabil, verändert aber auf Grund ihrer drehbaren Lagerung ihre Position. Die strengen geometrischen Formen orientieren sich somit nach der Natur, den Jahreszeiten und Himmelsrichtungen.

Dionysos wäre ohne Sponsoring nicht möglich gewesen

Dass sich eine 6000 Einwohner zählende Gemeinde eine Arbeit in diesen aufwändigen Dimensionen leisten kann, verblüfft. Ohne das heutzutage übliche Sponsoring wäre das nicht möglich gewesen. Die finanziellen und sachlichen Leistungen verschiedenster Firmen und Institutionen der Region sind aber nur eine Seite der Medaille. Die andere Seite verblüfft noch mehr: Das Werk Dionysos ist ein Geschenk des

Künstlers an seine Heimatstadt, verwirklicht jedoch wurde sie getreu dem künstlerischen Plan in ehrenamtlicher Arbeit von Norbert Ahrens, Bernhard Hauser, Erich Winkelmann und Uli Zandona. Soviel kulturelles Engagement und Solidarität hat auch den weitgereisten Künstler und Kunstheoretiker Franz Späth, der derzeit ais Doktorand an der Universität Paris in Kunst und Ästhetik beschäftigt ist, überzeugt (…)

Als Repräsentant für Europa der Bewegung "Skulpturensymposium" hat er schon in verschiedenen Landern mitgewirkt und bringt seine besten Verbindungen in das Vorhaben eines Skulpturensymposiums mit ein. Verträgt eine Kleinstadt wie Bräunlingen überhaupt soviel zeitgenössische Kunst? Ein zuviel kann es eigentlich nie geben, vorausgesetzt das Werk wird überhaupt wahrgenommen. Dazu schreibt Franz Späth 1988 anlässlich der Realisation seiner Skulptur in Costa Rica: "Wenn meine Arbeit - ohne jegliche Vorerklärung - eine innere Bewegung auslösen kann, sei es ein Staunen, eine Zuneigung oder auch eine Beunruhigung oder gar eine intensive Ablehnung, dann kann ich mit dem Werk zufrieden sein. Denn diese Emotionen können der Anfang eines Austausches, von Kommunikation sein". Der Anfang ist mit dem Dionysos gemacht, auf weitere fruchtbare, künstlerische Kommunikationsauslöser darf man nun in Bräunlingen gespannt sein.

Stefan Simon Kunst und Künstler "Almanach 2003", Heimatjahrbuch Schwazwald-Baar-Kreis

 

 

 
 

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